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Nohant, aux confins de l'Indre et du Cher, le refuge de George Sand

« La Mare au diable », « François le Champi », « Consuelo », « la Petite Fadette » sont autant d’œuvres de notre patrimoine littéraire. Nous vous conduisons là où elles sont nées…

La demeure est située dans une bien jolie région que l’on appelle le Berry et, quand on descend du train en gare de Châteauroux (ou de voiture via la D 943), on perçoit très vite la sérénité que l’écrivain a ici trouvée : il s’agit de l’un des plus vieux terroirs agricoles de France, situé entre le Bassin parisien et le Massif central, en plein centre de la France, dont la ville de Bourges est l’épicentre, à une trentaine de kilomètres de notre destination du jour. Nous arrivons dans le petit village de Nohant. Environ 450 âmes à l’année mais de très nombreux touristes qui viennent découvrir le domaine habité par l’écrivaine George Sand.

Il y a là toute son enfance : un paysage, une maison de maître, un parc arboré. Une source d’inspiration constante et un refuge pour la prolifique autrice, figure féminine emblématique du XIXe siècle, engagée tant politiquement que socialement. De son vrai nom Amantine Aurore Lucile Dupin, George Sand naît à Paris en 1804. Mais quatre ans plus tard, après le décès brutal de son père à la suite d’une chute de cheval, la petite fille est élevée par sa grand-mère paternelle, Marie-Aurore Dupin de Francueil, fille naturelle du maréchal de Saxe, dans une demeure du XVIIIe siècle qu’elle a acquise dix ans plus tôt, à Nohant.

230 hectares de terres, un jardin, un parc et même un cimetière

Loin des bienséances citadines, l’enfant y découvre un goût pour la littérature, l’écriture, mais surtout la liberté d’aller et venir dans cet univers champêtre délicieux, où chaque saison apporte son lot de surprises et de beauté. Elle y mène une existence libre et heureuse jusqu’à ses 13 ans, jouant avec les petits paysans de son âge dans le jardin et le parc, tout en étudiant. Elle y vit parmi les plus importants moments de sa vie : « Ces souvenirs d’enfance ont eu le secret de m’attacher à la maison par des liens d’affection et de bien-être qui font que je ne m’en éloigne jamais sans pleurer de regret et que je n’y rentre point sans pleurer de joie. »

La petite fille y développe sans entrave son imaginaire, observe la nature jusque dans ses bruits et dans ses silences et y forge un attachement à la faune et à la flore qui ne la quittera plus. Nohant la façonne : « J’aime Nohant avec une sorte de tendresse, comme un être qui m’a toujours été salutaire, calmant et fortifiant. » Elle est de nature curieuse, ce qu’elle mettra à profit à l’âge adulte dans ce milieu artistique si particulier où elle évoluera, parmi les plus grands talents de l’époque, une fois devenue écrivaine sous le patronyme de Sand (1832). Un nom emprunté, apparu dans un premier roman écrit à quatre mains avec son amant d’alors, un certain Jules Sandeau.

La propriété de George Sand est restée quasiment intacte dans cet écrin de verdure, constituée de 230 hectares de terres, de la maison et de plusieurs dépendances, de la cour de ferme, du jardin, du parc et du cimetière. C’est là qu’elle écrit la majeure partie d’une œuvre impressionnante, composée de romans, de contes, de pièces de théâtre. C’est là qu’elle vient se ressourcer dès que nécessaire.

Ici, les pièces, les objets, les meubles, sont des témoins de ce riche passé. Une maison simple mais solide, dont elle fit un lieu de rencontre, d’échange, de vie. Un agent du monument nous en fait les honneurs. Nous marchons dans ses pas, dans le vestibule aux grands carreaux usés noirs et blancs. Avec ses immenses casseroles en cuivre étamé, la cuisine semble prête à reprendre du service et, dans la salle à manger attenante, on imagine aisément les hôtes souvent prestigieux qui se succédaient ici. Hôtesse hors pair, George Sand ouvrait sa maison à ses nombreux amis, tous plus célèbres les uns que les autres, tels Balzac, Delacroix, Musset, Flaubert, Liszt, et bien sûr Chopin, son compagnon durant neuf ans qui passa sept étés à Nohant.

Un escalier en pierre nous conduit aux chambres. La première était consacrée au théâtre, dont George Sand raffolait, théâtre vivant avec scène et décors, théâtre de marionnettes plus approprié aux enfants, une pièce où l’on jouait la comédie en famille. On dit que Chopin s’asseyait volontiers au piano pour accompagner les spectacles. Sur le même palier, nous découvrons la chambre de ses deux petites-filles, Gabrielle et Aurore, qui reviendront vivre à Nohant après le décès de leur grand-mère, puis celle de sa grand-mère, lumineuse et délicatement préservée. Celle de George enfin, bleue, simple et fonctionnelle. Elle s’éteint à Nohant, parmi tous ses souvenirs, à l’âge de 71 ans, en 1876. Elle est inhumée dans le petit cimetière familial qui jouxte son amour de jardin.

Maison de George Sand, 2, place Sainte-Anne 36400 Nohant-Vic. Tél. : 02 54 31 06 04, maison.george-sand@monuments-nationaux.fr. Prendre contact pour les personnes en situation de handicap.

 

George Sand et son jardin

George Sand entretenait un lien profond avec son jardin à Nohant, qui était bien plus qu’un simple espace extérieur. Avec ses 6 hectares arborés, il était aussi essentiel que les pièces de sa maison. Elle s’y réfugiait, y flânait, y réfléchissait et y trouvait une source constante d’inspiration. Dans « Histoire de ma vie », elle écrit : « Je sème, je plante, je fume mes plates-bandes, je fais des massifs, j’enfonce des pieux, je relève des murs… »

Ces mots montrent à quel point elle s’impliquait dans l’entretien de ce jardin, qu’elle cultivait avec passion, passant des journées entières en sabots à s’occuper des plantes et des fleurs. Pour elle, ce jardin était une extension de son esprit, un lieu où se ressourcer mais aussi où créer. Ses œuvres, qu’il s’agisse de sa correspondance ou de ses récits, témoignent souvent de l’importance de ce lieu dans sa vie. Elle s’y isolait, y puisant des souvenirs, des idées et des émotions. Le jardin devenait un espace intime, où la nature et la réflexion se mêlaient harmonieusement. L’art de cultiver ce jardin était pour Sand un moyen de nourrir son esprit tout en vivant en accord avec le monde naturel.

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