Dans l'est de l'Ille-et-Vilaine, la ville de Fougères a su remarquablement bien conserver son patrimoine, avec en point d'orgue une forteresse médiévale en parfait état, la plus grande d'Europe.
Il y a des villes où l’histoire occupe tout l’espace. Ici, c’est tout le cœur de la cité qui semble regarder vers un glorieux passé. À Fougères, aux portes de la Bretagne, les récits médiévaux se racontent aussi bien qu’ils se contemplent. Des deux églises qui se toisent d’en haut et d’en bas au curieux beffroi, le plus haut de la région, en passant par des jardins en terrasse ou encore un château des plus majestueux. En arrivant à Fougères, difficile de passer à côté. Juché sur un éperon rocheux d’une vingtaine de mètres, enroulé dans un bras du Nançon, le château de la ville se targue d’être la plus grande forteresse médiévale d’Europe en aussi bon état.
Les appartements seigneuriaux ont certes disparu, ne laissant que quelques fondations à la vue du public, mais ses murailles reliant les 13 tours qui le composent semblent encore capables de se défendre contre le siège d’assaillants en armure. Il faut dire qu’au tournant du second millénaire, la région est en proie à de nombreux conflits territoriaux, le coin nord-est du duché de Bretagne étant à la croisée de la Normandie, du Maine et de l’Anjou. L’ordre est alors donné de sécuriser l’endroit en érigeant une motte castrale en bois sur une petite formation rocheuse au milieu d’un marécage. Une fois n’est pas coutume, le donjon est en contrebas, en fond de vallée, mais entouré de défenses naturelles, avec des marécages et la rivière du Nançon. Presque identique à sa forme du crépuscule du XVe siècle, le château rassemble à lui tout seul 400 ans d’architecture militaire magnifiquement conservée. Des tours carrées uniquement défensives du Moyen Âge central aux tours en fer à cheval du bas Moyen Âge, on retrouve de nombreux témoins de l’ingénierie guerrière de nos ancêtres, avec même quelques fantaisies. Le monument classé se visite toute l’année et réserve énormément de surprises.
Une industrie construite pas à pas
En remontant vers la ville haute à pied par la rue de la Pinterie, bordée de maison en pierre, un autre monument attire l’attention au détour d’une croisement. Détonnant avec l’architecture de la ville, le théâtre Victor Hugo et son style Second Empire trône fièrement à l’entrée de la rue Nationale. Un peu plus loin encore, le beffroi, le plus vieux de Bretagne et l’un des rares de la région, rappelle aussi l’arrivée en ville d’une élite bourgeoise, avide de faire de l’ombre à l’église Saint-Léonard située à quelques maisons de là. En voyage en Flandres, les riches drapiers de la ville auraient été impressionnés par les constructions similaires, dont ils auraient ramené l’idée jusqu’en Bretagne.
Alors que le Royaume de France a fini par avaler la Bretagne au XVIe siècle, la place stratégique de Fougères a peu à perdu en importance. C’est durant la seconde moitié du XIXe siècle que la ville va vivre un regain d’attractivité. Après avoir connu un certain succès dans l’artisanat des chaussons, Fougères va prendre une place préponderante dans l’industrie de la chaussure pour femme, accueillant ainsi plus d’une dizaine de milliers d’ouvriers et doublant sa population en quelques décennies. Certaines maisons ouvrières typiques de cette explosion démographique existent encore dans la ville haute, notamment dans le quartier de Bonabry.
Non loin, à l’angle des rues des Prés et des Récollets, il est aussi possible de contempler l’ancienne usine Morel & Gaté, inaugurée en 1927 et dont la façade décorée par le mosaïste Odorico est toujours en excellent état. Durant son siècle industriel, la cité à connu de nombreux mouvements sociaux, dont une grève très médiatisée pendant l’hiver 1906-1907. Réprimés par un lock-out de plus d’une vingtaine d’entreprises, les « chaussoniers » s’étaient organisés, envoyant leurs enfants à Rennes ou à Paris, loin du conflit, et distribuant des soupes populaires à destination des familles. Leur ténacité leur valut une victoire face au patronat local et fut saluée par Jean Jaurès, venu en personne dans la ville à la rencontre des grévistes exténués par 103 jours de combat. Les années 1960 et 1970 auront finalement sonné le glas de l’industrie de la chaussure dans la région, et seules quelques traces y demeurent aujourd’hui.
La Régalante, la descente des marches à vélo
Si les marches de Bretagne n’ont plus la même aura mystérieuse qu’à l’époque des Carolingiens, la région a su garder en mémoire ses 1 500 ans d’histoire. Pour la découvrir, un nouvel itinéraire à vélo de 275 km propose de rallier le Mont-Saint-Michel à Nantes en neuf étapes, dont Fougères, rythmées par les trésors du patrimoine. Entre balade champêtre et châteaux forts, bourgs pittoresques et gastronomie locale, la Régalante propose une escapade culturelle et sportive au cœur d’un territoire riche. Pour plus de facilité, l’itinéraire est balisé et composé à 50 % de voies réservées au cycliste et 50 % de voies partagées avec les automobilistes, mais peu fréquentées. Le faible niveau de dénivelé permet à toute la famille de se lancer pour quelques étapes, entre 20 et 40 km pour la plus longue.
Plus d’informations sur www.francevelotourisme.com
