Pourvue de quatorze kilomètres de côte et de douze plages, Pornic, ancienne cité médiévale et maritime d’importance, est aujourd’hui essentiellement tournée vers le tourisme. Une tradition bien ancrée puisque parmi les vacanciers qui ont choisi cette station balnéaire du sud de la Bretagne, on compte Flaubert, Auguste Renoir, Michelet ou encore Lénine.
Sur le littoral escarpé de la Côte de Jade où se succèdent plages de sable fin, falaises rocheuses, criques et anses, Pornic se laisse facilement approcher : le TER effectue huit allers-retours quotidiens depuis Nantes et le bus 215 vous y conduit depuis Saint-Nazaire en 50 minutes.
Implantée sur un éperon rocheux, l’ancienne place forte médiévale du pays de Retz, jadis port de commerce et de pêche à la morue, s’est développée autour de son Vieux-Port installé à l’abri d’une ria (aber). Celle-ci est formée par l’avancée de la mer dans l’embouchure de la rivière, appelée canal de Haute-Perche. À l’extrémité du quai Leray, le château de Pornic domine l’embouchure de ce petit fleuve côtier, long de 14 km, qui facilitait le commerce avec l’intérieur des terres et qui sert aujourd’hui aux activités de loisirs.
De l’esplanade de la Ria, au-delà de l’écluse, le paysage s’ouvre sur un parc botanique de 13 hectares qui regroupe des espèces végétales venues de pays lointains, notamment d’Asie. Un sentier vous conduit par des passerelles pittoresques et des chemins ombragés le long du canal de Haute-Perche jusqu’au Clion-sur-Mer (8 km/AR).
Depuis la place du Petit-Nice qui borde le Vieux-Port, on accède par des escaliers (Fouquet et Galipaud) à la ville haute, cœur historique de Pornic aux ruelles pavées et sinueuses. Là-haut se trouvent les halles construites au début du XVIIe siècle où le marché s’installe le jeudi et le dimanche matin. Sur la place de la Terrasse (n° 3), on peut voir l’établissement construit en 1830 pour accueillir les premiers baigneurs, inscrivant la ville dans l’ère du tourisme balnéaire.
Lénine en vacances à Pornic pour étudier le mouvement ouvrier français
Au début du XIXe siècle, les eaux ferrugineuses de la source de Malmy, qui coulent en bas de la falaise tout près de la plage de la Source, attirent des curistes nantais. L’arrivée du chemin de fer, en 1875, et l’engouement pour les bains de mer accélèrent le développement de Pornic qui devient station balnéaire. Chalets, maisons extravagantes entourées de végétation, kiosques pour admirer l’océan, hôtels et pensions de famille s’élèvent en bord de mer, d’abord dans le quartier de la Noëveillard où se trouve une grande plage de sable fin.
Face au château, posée telle une blanche vigie à l’entrée du port, la Malouine est la première villa construite sur la côte (en 1840) dans laquelle séjournèrent Gustave Flaubert, George Sand et Maxime Gorki. De nombreuses villas sont visibles depuis le sentier des Douaniers. Puis, c’est au tour de la corniche de Gourmalon, ancienne lande qui faisait le bonheur des lapins, de l’autre côté du Vieux-Port, de se couvrir de maisons de styles et de couleurs variés.
Depuis décembre 1909, Lénine, sa femme Nadejda Kroupskaïa et la mère de cette dernière logent à Paris dans une « incessante bousculade » (Ma vie avec Lénine, N. Kroupskaïa). Lorsque vient l’été 1910, le couple souhaite se reposer et étudier d’un peu plus près le mouvement ouvrier français. Or, en mai de cette année-là, la SFIO s’est portée acquéreur d’un ancien hôtel de Pornic, dominant la plage de la Noëveillard, qu’elle a transformé en colonie de vacances.
« Il n’y avait presque pas d’ouvriers »
Rendre les vacances balnéaires accessibles « aux camarades surmenés et affaiblis, prêts à succomber sous l’exploitation capitaliste », tel est le but de la colonie du Grand Air présentée à la une de l’Humanité en date du 24 mai 1910. À Pornic cependant, l’implantation de la colonie de vacances du Parti socialiste n’est pas du goût de tous : on craint que la promiscuité avec des ouvriers socialistes ne fasse fuir la riche clientèle habituelle !
Nadejda et sa mère prennent, en éclaireurs, le train pour Pornic et s’installent au Grand Air. Si le lieu est idyllique, les travaux ne sont pas finis et l’ambiance de la colonie ne plaît pas aux deux femmes. Dans Ma vie avec Lénine, Kroupskaïa déplore la vie fermée que mènent les Français où « chaque famille se tenait à l’écart des autres » et où « il n’y avait presque pas d’ouvriers ». Elle préfère déménager et trouve un deux-pièces à louer chez l’habitant, à la villa les Roses, rue Mondésir, sur la corniche de Gourmalon.
Promenade entre pêcheries et dolmens
Commune de départ : Pornic (Loire-Atlantique)
Type de balade : pédestre
Difficulté : facile
Durée : 2 h 45
Distance : 11 km
Le circuit des pêcheries emprunte le GR8, sentier légendaire le long de la côte atlantique qui reprend l’ancien sentier des Douaniers. Il revient au point de départ par les petites rues des anciens hameaux de pêcheurs.
1/Départ du jardin de Gourmalon, quai du Commandant-l’Herminier.
2/Plage de la Source (source de Malmy)
3/Plage de la Birochère
4/Plage de la Joselière (dolmen de la Joselière)
5/Plage de la Fontaine-aux-Bretons. Un peu plus loin se trouve le dolmen du Prédaire
6/Plage de la Boutinardière et sa dizaine de pêcheries. À la plage, tournez à gauche sur l’avenue.
7/Le quartier de la Joselière, ancien hameau de pêcheurs.
8/Le quartier de la Birochère, ancien hameau de pêcheurs.
9/À Gourmalon, avant de rejoindre le point de départ, vous passez par la rue Mondésir où Lénine et sa femme passèrent le mois d’août 1910.
Le 23 juillet, Lénine débarque à la gare de Pornic où Nadejda Kroupskaïa est venue l’attendre. Il passe un mois à Gourmalon, à côtoyer les pêcheurs, à humer l’air du large, à profiter des joies de la baignade et à se régaler des crabes pêchés par son logeur le douanier. Enfourchant son inséparable bicyclette pour parcourir les villages de la baie de Bourgneuf, il a probablement vu ce que les touristes curieux apprécient : les mégalithes du néolithique dont le tumulus des Mousseaux (3 500 ans av. notre ère) au-dessus du quartier de la Noëveillard, et les cabanes des pêcheurs sur pilotis, appelées pêcheries, qui émaillent la côte.
Au début du XXe siècle, les pêcheries n’étaient pas suspendues au-dessus de l’eau, mais simplement posées sur les rochers. À Pornic cependant, Lénine ne fait pas de pause dans son travail ; il prépare activement le 8e congrès de l’Internationale socialiste à Copenhague où il se rend dès le 23 août. Si son séjour à Pornic fut court, il a été très apprécié. Une carte postale de Gourmalon envoyé à sa sœur Anna en témoigne : « Nous prenons un repos merveilleux. Baignades, etc. »