Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Balade à Turin, des révoltes ouvrières au Musée du cinéma

Surplombée par les collines d’un côté et les Alpes de l’autre, Turin est une ville aussi éclectique que clivante. Baroque, discrète et majestueuse, elle ne saura, pour sûr, pas vous laisser indifférent.

Ex-capitale du duché de Savoie, première capitale de l’Italie réunifiée et pierre angulaire de ce même Risorgimento, Turin a longtemps traîné une image grise et austère, réduite à sa qualité de cité industrielle. Mais elle est aussi celle qui a inspiré Antonio Gramsci, cofondateur du Parti communiste italien en 1921, et l’un des bastions du socialisme et de l’antifascisme contre la dictature mussolinienne.

« Que voulons-nous ? Nous voulons tout ! »

De l’après-guerre jusqu’au milieu des années 1970, le chef-lieu piémontais devient une terre d’accueil pour les Italiens du sud, qui fantasment un eldorado incarné par l’industrie automobile turinoise. Malgré ce rêve d’une vie meilleure, l’adaptation n’est pas immédiate, rendue difficile par le climat et le rejet des locaux. « Nous ne louons pas aux Méridionaux », indiquent en ces temps les pancartes des appartements en location.

Un tournant survient en 1969 lorsque, le 3 juillet, des affrontements éclatent entre ouvriers et forces de l’ordre, dans ce qui sera défini comme « la révolte du corso Traiano ». En grève contre l’augmentation des loyers, du coût de la vie et pour obtenir un droit au logement, les travailleurs se réunissent devant les grilles de l’usine Fiat de Mirafiori, en milieu d’après-midi. Dispersés par la police, ils se reforment sur le corso Traiano, montant des barricades ornées d’un slogan : « Que voulons-nous ? Nous voulons tout ! »

S’ensuivent alors des affrontements d’une violence sans précédent. Cet événement sera l’un des points de départ de « l’automne chaud » en Italie, décennie durant laquelle les luttes syndicales et ouvrières se multiplient partout dans le pays. En mai 1970, la loi sur le statut des travailleurs voit le jour. Turin devient un précurseur de la lutte ouvrière en Europe.

Un renouveau urbain et culturel

À partir des années 1990, la ville se réinvente. Si l’usine de Mirafiori est encore debout, l’ex-complexe industriel du Lingotto, qui avait bluffé Le Corbusier en 1934, a été transformé. C’est là qu’a vu le jour le premier emplacement de la célèbre chaîne Eataly, figure de proue du mouvement Slow Food, l’anti-fast-food. Le Lingotto abrite aussi la pinacothèque Agnelli.

Celle-ci présente une collection d’œuvres d’art de maîtres tels que Manet, Renoir, Picasso, Modigliani ou encore Matisse. Sur le toit, il est possible d’accéder à la « Pista 500 », ancienne piste d’essai des véhicules Fiat, reconvertie en espace d’exposition. Non loin de là, le musée de l’Automobile propose un voyage dans le temps, au fil d’une collection de plus de 200 véhicules datant de 1854 à nos jours.

Particulièrement galvanisée par l’organisation des jeux Olympiques d’hiver en 2006, Turin a connu un important renouvellement urbain. Le métro est arrivé, le centre a été nettoyé et certains espaces, tels que l’incontournable piazza San Carlo, ont été rendus aux piétons. Tout comme la piazza Castello, où sont érigés le palais Royal et le palais Madame, qui furent, entre autres, les demeures de la dynastie des ducs de Savoie. Des lieux chargés d’histoire à découvrir, à l’instar du Musée égyptien de Turin, le plus antique au monde et le plus important après celui du Caire.

turin

« Grande Torino » et vitello tonnato

De l’autre côté de la piazza Castello, en empruntant les arcades de la via Pô, on se dirige alors vers le monument le plus emblématique de Turin : la Mole Antonelliana. Du haut de ses 167,5 mètres, elle accueille, depuis 2000, le musée national du Cinéma et sa collection d’objets, d’affiches et d’accessoires de tournage. Pour les plus téméraires, un ascenseur permet de monter tout en haut de l’édifice pour s’offrir une vue imprenable à 360 degrés sur la ville et les Alpes.

Au loin, on peut apercevoir la colline de Superga et sa basilique, tristement célèbres pour être le lieu où, le 4 mai 1949, l’avion qui transportait l’équipe de foot du Torino, la meilleure d’Italie à l’époque, s’est écrasé, ne laissant aucune chance à l’ensemble des 31 passagers. Leurs noms y sont à jamais gravés dans le marbre et inscrits dans la légende du « Grande Torino ».

Au bout de la via Pô, nous arrivons sur la piazza Vittorio Emanuele, bordée par le fleuve et où l’écrivain Cesare Pavese avait ses habitudes. L’occasion de s’arrêter au Caffè Elena, ou de découvrir le vitello tonnato, les agnolotti, la bagna cauda et les autres spécialités piémontaises au Porto di Savona. Le long des quais, les Murazzi, lieu historique de la movida turinoise, ont repris leurs droits depuis quelques années. On y danse souvent, y rêve parfois, en contemplant, le temps d’une nuit d’ivresse, l’église de la Gran Madre di Dio et les lumières de la ville, qui, dans l’obscurité, se reflètent sur les eaux du Pô.

Itinéraire pour un week-end

Commune de départ : Turin (Piémont, Italie). Type de balade : pédestre. Difficulté : facile. Durée : 3 h (+ visites). Distance : 13 km.

  1. En partant de la piazza Castello, visitez le palazzo Reale (gratuit le 1er dimanche du mois) et le palazzo Madama.
  2. Depuis la place, emprunter la via Accademia delle Scienze jusqu’au Musée égyptien, pour plonger dans l’histoire grâce à l’une des plus grandes collections d’antiquités égyptiennes au monde.
  3. En sortant, poursuivez jusqu’au croisement avec la via Maria Vittoria pour arriver piazza San Carlo, définie comme « le salon du Turin ». Dégustez alors le traditionnel bicerin dans l’historique Caffè Torino.
  4. En passant sous les arcades de la via Pô, direction, ensuite, la Mole Antonelliana, qui abrite le musée national du Cinéma.
  5. Après une première journée riche en visites, direction le parco del Valentino, grand espace vert qui accueille, notamment, un château et un bourg médiéval.
  6. En longeant le parc, vous arrivez dans l’ex-quartier ouvrier du Lingotto, dont le centre commercial abrite la pinacothèque Agnelli ainsi que la « Pista 500 ».
  7. Sur le retour, corso Unita d’Italia, vous pouvez vous arrêter au musée de l’Automobile, avant de pousser jusqu’aux Murazzi del Pô, situés sur les quais du fleuve.
  8. Pour clore le week-end, il est temps de profiter d’un aperitivo, pratique née à Turin. La piazza Vittorio Emanuele II regorge de lieux proposant une formule comprenant une boisson et un buffet à volonté à l’italienne.

Les commentaires sont fermés.